Présence d’amiante dans les établissements et instituts publique

ÉVALUATION DE LA PRÉSENCE D’AMIANTE DANS LES ÉTABLISSEMENTS ET INSTITUTS PUBLIQUES DU QUÉBEC

1997 Premier rapport sur la présence d’amiante

En mars 1997, un citoyen s’est plaint de la présence d’amiante dans le revêtement des plafonds à l’École polyvalente de l’Étang-du-Nord aux Îles-de-la-Madeleine, lors de l’assemblée publique annuelle du CLSC des îles. La Commission scolaire des îles, avait procédé à une analyse sommaire du matériau recouvrant les plafonds suite à la demande du CLSC, et les résultats ont démonté la présence de chrysotile et d’amphiboles dans l’isolant. De ce fait, une analyse de la qualité de l’air de la polyvalente a été demandée à son tour par la Commission scolaire au CLSC. L’équipe de santé au travail de la Direction de la santé publique Gaspésie—îles-de-la-Madeleine (DSP) s’est chargé de cette mission. Les résultats d’échantillonnage ont démontré la présence d’amiante dont l’amosite et de chrysotile dans l’isolant. Ce dernier était projeté sous forme d’un flocage à la grandeur des plafonds, et cela sur la plupart des plafonds de l’école. Le matériau est à l’air libre et endommagé dans certains secteurs. Des échantillons de poussière, ainsi que de l’air ambiant ont aussi été prélevés. Encore là, l’amosite et la chrysotile étaient présentes dans la poussière.
Dans l’air ambiant, les concentrations d’amiante variaient de 0,15 fibre optique par centimètre cube fo/cc à 0,26 fo/cc [-] pour les échantillons prélevés le jour 1
Étant donné que certaines études ont publié la présence de l’amiante dans l’air en fibre électrique par cube carré il y eu aussi six échantillons qui ont été soumis à une analyse électronique à transmission. Les résultats ont donnés des concentrations de fibres d’amosite variant de 0,002 à 0.035 fibres électroniques par centimètre cube (fé/cc) pour les échantillons prélevés le jour. À cette période en 1997, au Québec il n’existait aucune norme d’exposition environnementale. Par contre en Ontario la norme dans l’air ambiant est de 0,04 fibre électronique par millilitre (fé/mL). On se demande, alors, si ces doses mesurées sont dangereuses pour les occupants de l’école. Le rapport donne à titre de comparaison, qu’il est estimé qu’un travailleur devrait être exposé pendant 500 ans aux doses trouvées à la polyvalente avant de développer l’amiantose. En ce qui a trait au cancer, il existe un risque qui est non négligeable mais difficilement quantifiable de façon précise. Puisqu’il n’existe pas d’études sur le sujet à cette époque, une estimation de ce risque a été faite à partir de modèles mathématiques extrapolant les résultats obtenus chez les travailleurs fortement exposés. En transposant les données obtenues, selon Goldberg et Camus, au résultat le plus élevé obtenu à la polyvalente des îles soit 0,035 fé/mL : les risques de développer un cancer lié à l’amiante est de l’ordre de 7 par 10,000 personnes exposées pour les travailleurs (0,035 fé/mL, 20 ans, 240 jours/an, 8h/j) et de 2 par 10,000 personnes exposées pour les étudiants (0,035 fé/mL, 5 ans, 180 jours/an, 6h/j).1 Donc, ces résultats ont confirmé qu’il y avait dans l’air de l’École polyvalente des fibres d’amiante, en particulier de l’amosite un cancérigène reconnu, et que le revêtement du plafond s’effritait. Ces résultats ont été considérés comme préoccupants par le département de la santé publique (DSP) puisqu’il s’agissait d’un édifice public et de surcroît d’une école. De plus, la présence d’amiante y était forte. C’est pourquoi le DSP avait demandé à la Commission scolaire de prendre les mesures nécessaires afin d’abaisser la concentration de fibres d’amiante dans l’air et d’enrayer la détérioration du revêtement du plafond. On remarque qu’on 1997, le DSP était confronté à l’absence de critères d’intervention clairement définis, concernant la concentration d’amiante dans l’air dans les endroits publics. Le DSP avait recommandé que les autorités étaient en devoir de définir les risques à la santé reliés à l’exposition environnementale aux fibres d’amiante selon divers scénarios d’exposition afin de mieux orienter les interventions de santé publique dans les endroits publics. Amiante dans les écoles

Actions entreprises par le ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) et le ministère de la Santé et des Services Sociaux (MSSS)

1998 Premier rapport sur la présence de la fibre d’amiante dans un établissement scolaire

Le rapport de 1997, cité plus haut, était un élément déclencheur d’une suite d’études et de projets pilotes menés par I’IRSST2 et L’INSPQ3, 4. En effet en mars 1998, le ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) et le ministère de la Santé et des Services Sociaux (MSSS) avaient initié, une démarche préventive dans les écoles afin d’évaluer la présence d’amiante.
Un critère de gestion de 0, 01 fé1 /mL a été défini par le MSSS pour identifier des sources possibles d’émission de fibres dans l’air des édifices publics.2
L’objectif de l’étude était de prélever un nombre significatif d’échantillons dans des locaux des bâtiments scolaires dont les matériaux floqués étaient très dégradés et d’évaluer les concentrations de fibres d’amiante dans l’air afin de documenter la capacité de ces matériaux à générer des fibres dans l’air.2
La concentration moyenne mesurée a été de 0,0031 fé/mL (77 échantillons prélevés dans 17 écoles), ce qui est inférieure au critère de gestion retenu par le MSSS de 0,01 fé/mL. Les gymnases, particulièrement ceux avec un plafond bas, où se déroulaient des activités avec lancer de ballon, ont enregistrés les concentrations de fibres d’amiante les plus élevées : jusqu’à huit fois le critère de gestion. Cependant, dans les conditions normales d’occupation, des niveaux de fibres d’amiante dans l’air inférieurs au critère de gestion sont présents dans les écoles. Ceci n’est plus vrai dans les lieux où des activités favorisaient les contacts avec les matériaux. Donc, le rapport conclue que la présence d’amiante, même dégradés, ne donneraient pas lieu à des niveaux de fibres dans l’air supérieurs au critère de gestion, à moins de contacts physiques avec le matériau.2 2 www.irsst.qc.ca Dans une même suite d’idées, ces données ont été confirmées par un projet pilote mené par l’INSPQ3 dans des locaux scolaires présentant des matériaux contenant de l’amiante en mauvais état. D’après les résultats publiés en avril 20003, on confirme que dans des conditions normales, les concentrations de fibres d’amiante dans les édifices scolaires sont de l’ordre des teneurs retrouvées dans l’air ambiant extérieur. De plus, il a été estimé qu’au « pire scénario » : une exposition de six années entre l’âge de 5 et 11 ans survenant dans une école fortement contaminée (0,005 f/ml d’un mélange de fibres d’amphiboles et de chrysotile) engendrait un risque de mourir d’un cancer du poumon ou d’un mésothéliome d’environ 30 cas par million de personnes exposées.3 3 L’amiante dans les édifices publics, 15 avril 2000 Présence d'amiante

2003 Publication des recommandations suite aux rapport

En 2003, l’INSPQ avait publié un résumé et recommandations des rapports : Fibres de l’amiante dans l’air intérieur et extérieur & Épidémiologie des maladies reliées à l’exposition des amiantes au Québec. Voici une citation des conclusions principales:
En mars 1998, une démarche préventive concernant la présence d’amiante dans les écoles primaires et secondaires du Québec a été entreprise. Cette opération comprenait trois étapes : l’identification des bâtiments scolaires où il y avait une présence d’amiante, l’évaluation qualitative de l’état de conservation des flocages d’amiante et les correctifs à effectuer. Quelques 508/3300 bâtiments appartenant à 55/72 commissions scolaires ont été identifiés comme « endroit où il y a un flocage d’amiante » parmi les 72 commissions scolaires existantes (possédant quelque 3300 bâtiments servant à l’enseignement). En excluant la cinquantaine de bâtiments dont les locaux floqués à l’amiante n’étaient pas fréquentés par les élèves, on constatait qu’environ 12 % de l’ensemble des bâtiments scolaires du Québec avaient un flocage d’amiante. Les locaux visités avaient été classés selon une grille d’évaluation avec trois cotes : cotes 1 et 2 (dont les matériaux ne sont pas détériorés ou commencent à se dégrader et nécessitent des mesures de surveillance périodique et d’entretien préventif) et cote 3 (dont les matériaux sont dégradés et nécessitent des mesures correctives dans les meilleurs délais, selon un échéancier établi par les commissions scolaires). Parmi les 508 bâtiments, 125 avaient des locaux cotés 1, 13 des locaux cotés 2 et 292 des locaux cotés 3. Jusqu’à présent (année 2000), 60 % de ces travaux ont été réalisés.4
4 www.inspq.qc.ca

Évolution de l’évaluation de la situation de la présence d’amiante dans les établissements scolaires et instituts publiques du Québec

2008 à 2012 Couverture médiatique sur la situation de la présence d’amiante

Suite à ces rapports publiés la presse écrites et les médias se sont intéressés à la situation des établissements scolaires (bâtiments non salubres, qualité de l’air discutable voir même dangereuse). Leur indignation venait du fait que les études publiées par des organismes gouvernementaux gardent secret les noms des établissements en décrépitudes, ainsi que ceux ayant obtenus des résultats de cote 2 ou 3. Articles et reportages publiés ou mis en onde entre 2008 et 2012 sur le sujet : Cette dénonciation médiatique a donné lieu, en automne 2012, à un rapport du vérificateur général sur la qualité de l’air dans des écoles primaires présentes dans 4 commissions scolaires. De plus, une carte et une liste d’établissements publics touchés par la présence d’amiante ont été mises à la disposition du public : Un processus de désamiantage et de restauration a pris place dans les écoles. Étant donné que les commissions scolaires font face à une diminution importante de leur budget, ces travaux avancent doucement. En effet, on remarque que le processus avait débuté en 2004 (voir le lien 18) dans les écoles et il continue encore en 2016 si on se fit aux articles suivants :

Industrie de l’amiante au Québec: l’histoire

L’histoire de l’amiante s’échelonne sur 3 siècles

L’amiante, aussi appelé ‘’or blanc’’ fut découvert au Québec à la fin du 19ème siècle. La première mine a été inaugurée en 1879 au nom de la mine Murphy à Thedford-Mines. Ensuite une autre mine a été découverte en Asbestos et elle est devenue opérable en 1881. Au 20ème siècle, l’amiante est devenue une industrie prospère et générait des gains considérables pour le Québec. Dans les années 30, la Grande-Bretagne fut le premier pays à adopter une règlementation sur l’empoussièrement des usines de l’amiante après qu’un premier diagnostique de cancer relié à l’amiante a été documenté. La Grande-Bretagne classe, alors, l’amiantose parmi les maladies professionnelles indemnisables. Dans les années 40, les États-Unis lui empiètent le pas, ils édictent une réglementation sur l’empoussièrement des usines en 1949. Ceci a créé du remous au Québec, et du 13 février au 23 juin 1949, une importante grève générale illégale de l’amiante éclatait aux seins des travailleurs des mines Asbestos et Thetford-Mines. Ils réclamaient de meilleurs salaires, une participation à la gestion des entreprises et une protection contre la poussière d’amiante sur les lieux de travail. Fin juin, début juillet 1949, la grève prenait fin et s’est soldée par une maigre augmentation de salaire, sans adoption de mesures afin de protéger les travailleurs des poussières de l’amiante comme est le cas aux États-Unis et en Grande Bretagne.

industrie de l'amianteC’est seulement en 1975, que l’industrie adoptera des règles pour une manipulation sécuritaire de l’amiante au Québec. Suite à la grève des employés de Thetford-Mines affiliés à la CSN survenue à la même année.

En 1978, l’amiante est déclaré produit cancérigène par une résolution de la communauté européenne. Pendant ce temps au Québec, la Société nationale de l’amiante du gouvernement du Québec, voit le jour. Elle a pour mission de participer à l’exploitation et la transformation de l’amiante au Québec, ainsi que de trouver de nouveaux débouchés commerciaux.

Au début des années 90, le Québec devient le seul producteur d’amiante au Canada puisque la Colombie-Britannique et Terre-Neuve & Labrador ont fermé leurs mines. Le 26 décembre 1996, la France devient le huitième pays à interdire l’utilisation de l’amiante sur son territoire. En 1999, Royaume-Uni lui empiète le pas et l’Union européenne annonce qu’à compter de 2005, l’utilisation de l’amiante sera interdite sur l’ensemble de son territoire.amiante au quebec

Le 21ème siècle débute avec beaucoup de controverses au Québec au sujet de la production et de l’exportation de l’amiante. Pendant que des pays interdisent ce minerai sur leur territoire, le Québec continue à le défendre. En effet, Le 22 juin 2011, le Canada impose son veto afin que l’amiante ne soit pas incluse dans la liste des produits dangereux énumérés à l’Annexe III de la convention de Rotterdam de l’Organisation des Nations Unies. Au Canada, la ventes de la chrysolite se chiffrent à 90 M $/année.

Le 16 février 2012, le Centre international de recherche sur le cancer, un organisme de l’Organisation mondiale de la Santé, conclut que l’amiante est cancérigène sous toutes ses formes. Cinquante huit pays incluant les pays membres de l’Union européenne, ainsi que les États-Unis ont banni ou restreint l’utilisation de l’amiante sur leurs territoires.

C’est seulement en septembre 2012, que le gouvernement canadien annonce qu’il ne s’opposera plus à l’inclusion de l’amiante dans la liste des produits dangereux à l’annexe III de la convention de Rotterdam comme il l’a fait à 3 reprises antérieurement. Donc jusqu’à ce jour le Québec et par conséquent le Canada n’ont pas interdit l’utilisation de l’amiante sur leur territoire. Ils considèrent que ce produit n’est pas dangereux s’il est produit et manipulé de façon sécuritaire.

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